Partons un peu en Ecosse…

Il y a de cela une cinquantaine d’années, un jeune homme du nom d’Andrew Rush était en train de se promener dans la lande écossaise. Il s’agissait là d’un inventeur, qui vivait dans un village voisin, et qui avait pour habitude de chercher l’inspiration dans la nature qui l’entourait.

Mais ce que n’avait pas prévu Andrew, c’est qu’un orage éclate au beau milieu de sa balade, se transformant en tempête. Si bien que l’inventeur eut beau batailler comme il le pouvait contre les éléments, il finit face contre terre, trempé et désespéré de ne pouvoir rentrer chez lui.

Et Rush serait certainement mort d’une pneumonie si il n’avait pas été recueilli par l’une des nymphe qui vivait dans la lande. Celle-ci avait déjà eu l’occasion d’observer le jeune homme de loin, mais la timidité naturelle de son espèce envers les autres races lui avait formellement interdit de l’approcher.

Aussitôt que les regards des deux êtres se croisèrent, ils surent que leurs âmes avaient été faites pour se trouver. Et de cet amour des plus purs, mais surtout des plus interdits, naquit un petit garçon. Orféus. Mi-humain, mi-nymphe. Un hybride.

Les premières années de la vie d’Orféus furent heureuses. Il grandit auprès de sa mère, qui l’initiait à tout ce qui touchait à la nature, et de son père, qui lui enseignait l’art des mécanismes en tous genres. Vous vous en douterez, ce bonheur ne fut pas éternel.

Vers les dix ans du garçon, du jour au lendemain, sa mère disparut. La version la plus plausible serait que son instinct de nymphe aurait repris le dessus, et que l’appel de la lande aurait été plus fort que tout… Et pas plus d’un mois plus tard, ce fut Andrew qui quitta la maison, pour tenter de retrouver celle qu’il aimait de tout son cœur. On ne revit jamais plus les deux amants.

Mais Rush ne laissa pas son fils seul. Il le confia à la seul famille qui lui restait : Samuel, alias son frère. Et c’est ainsi qu’Orféus se retrouve propulsé d’un écrin de douceur au monde brutal de la contrebande, en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire.

Et les années s’écoulèrent… Petit à petit, le jeune Rush se fit une place confortable dans les différents marchés noirs du monde. Et pour cause : ses dons, laissés par sa mère, en faisaient un négociateur redoutable, et qui n’avait de surcroît pas froid aux yeux. De plus, les talents de machiniste que lui avait légué son père lui étaient forts utiles pour créer lui-même des objets uniques telles que des armes à feu compatibles à la magie, ou encore des montres capables de détecter des traces de sorcellerie.

Car le fait d’être un hybride conférait à Orféus des talents hors du commun. L’un des plus pratiques consistait au simple fait que notre homme était en mesure d’entrer en contact avec les nymphes sans le moindre soucis. Et grâce à son empathie surdéveloppée, il était même capable de marchander avec les nains, réputés pourtant pour être intraitables en matières de négociations.

Rush grandit. En près de cinquante ans, il traversa le monde entier. Lors de son escale en Amérique, il sauva une petite boule de plumes d’un renard affamé. L’oiseau grandit, devenant un magnifique spécimen de grand duc, qui sembla ensuite prêter allégeance au contrebandier. Le rapace devint son compagnon. Et peut-être même, son unique et plus fidèle ami.

Les guerres entre Bien et Mal faisaient toujours se déplacer Orféus, car il considérait qu’elles étaient l’occasion pour lui de faire de bonnes affaires. Pour les questions d’éthique, il n’en avait rien à faire. Je sers le parti plus offrant, telle était sa devise.

Ainsi, méfiez-vous, jeunes gens. Rush a débarqué non-loin, il n’y a pas très longtemps. Peut-être est-il en train de vous épier en ce moment même, qui sait… Ce qui est certain, par contre…